Daniel Pennac raconte Bartleby, au Théâtre de La pépinière
Un scribe, qui au début de sa carrière se montre disponible, ambitieux et travailleur.
Alors que son patron lui demande de lui corriger des copies, Bartleby refuse très poliment la tâche, en se justifiant d’un “je ne préfèrerais pas”.
Par la suite, c’est la totalité des tâches subalternes que Bartleby refuse, toujours en disant, comme un leitmotiv agaçant “I would prefer not to”.
Comme un renoncement à tout, ce dernier refuse de travailler, de sortir du bureau là où il dort, il « préfère » se nourrir exclusivement de biscuits aux gingembres, et refuse même l’aide de son patron, qui s’entête à vouloir le comprendre.
“Un face à face entre deux solitudes, donc : Bartleby, l’homme qui ne veut plus jouer à l’homme, et le narrateur, l’homme qui ne peut vivre sans comprendre les hommes. Le duel de nos deux tentations favorites, en somme.” Daniel Pennac.
La critique
Sur la scène de la Pépinière, on découvre un décor plutôt sobre et simple. Une corbeille à papiers renversée, des piles de dossiers entassées faisant aussi guise de chaise, et un long drap blanc longe le mur de la scène.
La narrateur tient dans ses mains un livre, certainement celui de Herman Melville, dont il commence à conter le récit.
On ne sait pas trop ce qui nous attend, mais d’emblée l’ambiance est donnée : il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre mais bien d’une lecture, faite non pas par un comédien mais par l’écrivain récompensé Daniel Pennac (Chagrin D’école, Gallimard, 2007).
De ce postulat, une inquiétante curiosité se fait sentir. Daniel Pennac va-t-il réussir à animer les lieux malgré le manque de situations? Va-t-il convaincre que la nouvelle de Melville a sa place au théâtre avec une adaptation a priori risquée?
Et pourtant, Daniel Pennac, et son metteur en scène François Duval, ont eu raison de ne pas être prudents. C’est à travers une lecture généreuse et énergique, que le narrateur transmet avec aisance son agacement et sa peine face au renoncement de Bartleby.
L’auteur de Comme un Roman et Chagrin D’école donne à l’œuvre de Melville tout son rythme, devant l’absurdité et ce refus existentialiste de vouloir jouer le jeu des hommes.
A l’heure où le stress et l’agitation constituent de véritables valeurs, ceux qui ne jouent plus, comme Bartleby, sont-ils mis au rebus ?
Peut-être est-ce le message de “Bartleby le Scribe, Une histoire de Wall Street “, qu’exprime le narrateur à travers cette lecture ? Mais l’essentiel pour Melville est surtout de saisir les choses par soi-même. Et, d’après Daniel Pennac, c’est ce que répondrait Bartleby concernant le choix d’une lecture publique de cette oeuvre :
“Ne voyez-vous pas la raison de vous-même ? “
Aurélie GUISIANO
Bartleby Le Scribe. Une Histoire de Wall Street
De Herman Melville
Mis en scène par François Duval
Avec Daniel Pennac
Texte français Pierre Leyris (éditions Gallimard)
Adaptation Daniel Pennac
Scénographie Charlotte Maurel
Lumière Emmanuelle Phelippeau Viallard
Son Florent Dalmas
En coproduction avec Les Productions de L’Explorateur
À partir du 20 février et jusqu’au 30 Avril 2009
Du mardi au samedi à 19h
7, rue Louis Le Grand 75002 Paris
Métro: Opéra-Bus: 68, 95, 27, 21
Parkings: Marché Saint Honoré, Pl. Vendôme
Location : 01 42 61 44 16
Tarif unique : 25 Euros
(moins de 26 ans : 10 Euros)
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